Sixième carnet de Cheshire - le retour aux sources

(hrp: he beh, certaines FDLL m'ont demandé si je reposterai les aventures de Ches ici... alors... bah si y'a des lectrices, bien sûr que je les mets... mais comme j'ai fait un long travail de compilations des carnets de Ches, je continue de poster, en double donc, dans le topic compilé chez les Rob.
Si ça intéresse quelqu'un de prendre connaissance des 5 précédents carnets de Ches, vous pouvez tout lire là:
http://robinwoodeur.forumactif.com/LES-ROBINWOODEURS-DU-NORD-VOUS-ECOUTENT-c1/LA-CLAIRIERE-DES-ROBINWOODEURS-DU-NORD-f8/Les-carnets-de-Cheshire-t539-0.htm )


J’ai bien réfléchi avant d’ouvrir un nouveau carnet. Après tout le précédent est à peine à moitié rempli. J’avoue j’avais du mal à l’ouvrir. La dernière page… disons que reposer toutes les fois les yeux sur la mort de Waiou… bon bien sûr j’aurais pu tourner la page… mais tourner la page sur ça…

… je peux pas…

Donc, comme à chaque fois que ma vie opère un tournant, j’ouvre un nouveau carnet. Une façon de repartir sur de bonnes bases surement… et de reprendre de bonnes habitudes? Presque deux lunes que je n’ai pas écrit dans mon carnet, ni quoique ce soit ailleurs. Pas le temps, pas le courage, pas l’envie… pas le besoin. Deux mois calmes, deux mois de deuil, le deuil d’une amie, le deuil de 6 mois de ma vie aussi… 6 mois de labeur, 6 mois de robinwoodage, 6 mois passés avec mes amis… 6 mois pour sauver une vie en plein naufrage, toucher le fond, rebondir, reprendre son souffle, repartir, stabiliser, reconstruire… ça a été long, ça a été douloureux, ça m’a coûté cher (surtout à mon foie, je pense) mais bon. Je crois que j’en suis sortie. Même si je suis loin d’avoir tout résolu, même si je suis condamnée à ne plus boire, à ne plus entrer en contact avec quoique ce soit qui ai un effet addictif sur moi…

Je crois que ça serait très égoïste de ma part de ne pas mentionner le fait que seule, je ne serai plus là pour écrire quoique ce soit. Que seule, j’aurai touché le fond, mais je n’aurais pu remonter, faute d’air, faute d’énergie, faute surement de volonté… que tant de mains se sont tendues vers moi pour me hisser hors de l’eau, tant d’encouragements, tant de sourires… jamais je n’oublierai que les Robinwoodeurs m’ont donné 10 fois plus que ce que j’ai pu leur fournir. Ils m’ont donné la vie, qu’est-ce que vaut le temps que j’ai donné, moi, à côté? Pas grand-chose.

Il fallait que je parte pourtant. Je ne crois pas avoir été ingrate. Je ne crois pas, enfin je n’espère pas qu’ils aient perçus mon départ comme un « maintenant que je vais mieux, j’m’en vais, merci, bonne route ». C’est plus… j’ai fait ma part du boulot, vous m’avez rafistolé… je n’ai plus rien à vous offrir en échange de tout ce que vous me donnez… je sais pas… c’est pas super positif, dis comme ça! Une sensation d’accomplissement, d’achèvement, de travail fait et j’espère bien fait. L’envie de vacances. Et celle, plus forte que tout, de retourner me lover dans les bras de mes sœurs, de subir les thérapies FDLL, les rires insouciants, les histoires de cœur, les bavardages incessants… la joie, l’amour, la sororité… le bonheur. La douceur. Rien n’a changé. Ni les filles, ni les conversations, ni les rires, ni les bisous… ni même l’odeur de pains à la fraise.

Je n’avais pas pensé que cette odeur réveillerait tant de souvenirs en moi… c’est une sensation étrange… exactement identique à celle qu’on a le matin au réveil, lorsqu’on a fait un rêve mais qu’on ne s’en souvient pas précisément. Une sensation fugace et familière de ne jamais être partie, que rien n’a vraiment changé.

Pourtant j’ai vieilli. Parfois j’ai du mal à rire avec elles, à partager leurs délires. Ca reviendra. Faut juste que je fasse un lifting et que je reprenne le pli… aussi que la Lune entame sa phase montante, car là, la nouvelle Lune débute à peine et j’en ressens les premiers effets. Ptêtre ça qui me pousse à ouvrir mon carnet, à déballer ce que j’ai dans le crâne pour être mieux préparée à cette mauvaise phase.

J’avoue que je peux pas tout dire… parce que ma thérapie par le Carnet veut que je le laisse traîner, je ne peux pas révéler les secrets qui ne sont pas les miens… je m’inquiète. La Nouvelle Lune s’annonce sombre… elle s’annonce difficile… elle s’annonce triste… et j’dois juste regarder tout ça, en me disant que « ça va passer, comme d’habitude », impuissante, passive, spectatrice d’une chose que je refuse de voir, tout simplement car je refuse de voir ceux que j’aime souffrir, que je refuse d’admettre qu’il n’y a aucune solution.

A une époque, j’en avais une, mais je l’ai laissée filer… j’en trouverai une autre.

Demain.