Marcher. Trainer sur les pontons. Massacrer quelque chose. Bref, occuper son corps pendant que l'esprit vagabondait, occuper ses muscles pendant que les pensées s'enchaînait dans sa tête.
Liete quitta donc le repaire au crépuscule, le regard vide, et malgré l'orage qui s'annonçait, elle marcha un moment d'un pas lent dans Sufokia.
Elle voulait du changement, voila qui était certain. Ce qui l'était moins, c'était la chose dont il fallait s'occuper. Elle avait beau se creuser la tête pour trouver la cause précise de tout ces doutes. En vain.
Elle s'assit un moment sur le bord d'un ponton, et se mit à lancer distraitement des cailloux dans l'eau qui commençait à s'agiter.
Depuis combien de temps ne s'était elle pas senti libre? depuis combien de temps n'avait elle pas ri de tout son cœur? Ces pensées s'enchaînaient, l'étranglant comme autant de nœuds autour de sa gorge...
Un bourrasque de vent la décoiffa, tandis qu'un éclair lointain frappait la crête d'une vague. La tempête se précisait, et semblait bien décidée à faire de son mieux pour frapper Sufokia. Elle jeta un œil au linge que rentrait en toute hâte une ménagère.
Un tissu vert...
Ou pouvait il bien être en ce moment? Que devenait il? Elle n'osait essayer d'estimer depuis combien de temps elle n'avait pas eu de nouvelle...
Une pluie torrentielle s'abat il sur sa silhouette impassible. Elle esquissa un sourire en voyant les habitants du quartier courir pour se mettre à l'abri. Peu importe qu'elle soit trempée jusqu'à l'os, elle appréciait au contraire le ruissellement de l'eau sur elle, l'humidité l'entourant et les sons de la pluie battant le ponton, des vagues se fracassant partout autour d'elle. Sereinement, elle continuait de temps à autre de jeter un caillou dans la mer en furie. Un éclair zébra le ciel, et sur la bague qu'elle portait encore au doigt.
Elle contempla longuement la bague, comme si telle une boule de cristal elle pouvait refléter la solution à ses problèmes.
Tandis qu'elle offrait un dernier tribut à l'océan, aussi soudainement qu'il avait commencé, l'orage s'éloignait. Quelques gouttes retardataires tombaient encore, mais elles n'avait plus la conviction des trombes d'eau qui avaient balayé le ponton quelques minutes avant.
D'un pas tranquille, elle quitta le ponton et se dirigea vers le repaire. Elle s'émerveillait de voir les oiseaux sortir de leur cachette, de voir ces nuages si sombres qui déjà s'effilochaient pour laisser apparaître l'azur..
La tempête était passée et elle souriait..Après tout pourquoi se poser tant de questions? Après la pluie .....