[hrp] les filles, ça fait longtemps que je n'ai pas écrit et jme suis fait plaisir, si vous avez la flemme de lire mon blabla, sautez directement jusqu'au vert ! :p]
Jiyaa, étendu aux cotés de son nouveau mari, somnolait tranquillement, laissant ses pensées dériver à leur gré, jusqu'à ce que l'une d'elle s'impose. Elle essaya de la chasser, désireuse de retrouver la douce torpeur qui l'engourdissait, mais rien à faire, celle ci refusait de demeurer dans le rang.
Dans un soupir, elle ouvrit les yeux, devinant les formes de la petite pièce de la demeure de son mari dans la pénombre, encore inacoutumée. Il devait être tout juste avant l'aube, il n'allait pas tarder à se réveiller. La sacrieuse lui caressa doucement le torse, ne lui arrachant qu'un grognement, auquel elle répondit par un sourire. Iop... Son coeur se serra un instant à la pensée de la iopette blonde qui avait occupé cette place, mais elle la banit rapidement, ne s'accordant qu'un bref moment de nostalgie.
Jiyaa se leva, et une fois debout, s'habilla rapidement, sachant désormais exactement où elle voulait aller. Avant de partir, elle écrivit un court mot pour prévenir son mari qu'elle serait vite de retour, si jamais il se réveillait avant qu'elle ait terminé.
Dehors, l'air vif du matin dans les rues de Bonta lui éclaircit les idées, ramenant à la surface la pensée qui l'avait réveillée : ses soeurs. La colère teintée de culpabilité l'envahit. Oui d'accord, elle aurait pu les prévenir avant, mais tout de même, celles qui avaient été là quand cela c'était décidé aurait pu venir !
Elle mit peu de temps à atteindre l'enclos, où elle enfourcha Ysalia, adulte depuis peu et ravie de la balade matinale qui lui permettrait de tester ses nouveaux dons. Elle quitta la ville par la porte Sud, et en peu de temps eut rejoint les plaines de Cania. La quiétude et le bonheur l'envahit, comme chaque fois, lorsqu'elle se tint sous son arbre préféré. Elle descendit de sa dinde, et la laissa libre de paitre tout autour. S'approchant à petit pas de l'arbre, elle entoura le tronc de ses mains, et colla son oreille contre l'écorce, attentive aux murmures de son vieux compagnon. Elle nota mentalement les branches fragilisées qui lui étaient douloureuses, et grimpa souplement à travers son feuillage. Arrivée sur sa branche, elle sourit de nouveau : tout était à sa place, malgré sa longue absence.
"Tu as veillé à ce que rien ne soit dérangé, hein, mon vieil ami..." dit-elle en passant sa main dans les larges feuilles.
Elle s'installa confortablement, et sortit d'une cavité du tronc sa plume et des parchemins, encore utilisables. Elle s'entailla légèrement l'intérieur du poignet, laissant son sang s'écouler dans une sinuosité de la branche, noircie par son utilisation rituelle. Elle continua à remplir jusqu'à ce que l'arbre eut fini de prélever sa part de sang. Cela prit plus longtemps que d'habitude, mais elle était partie longtemps, et son ami avait eu soif. Enfin, elle déplia le parchemin vierge, trempa la plume dans le sang, et commença à écrire.
"Mes soeurs,
Si j'use d'un parchemin pour communiquer avec vous aujourd'hui, c'est pour être sure que toutes entendront mes nouvelles. Je me suis mariée hier, et aucune de vous n'était présente. Je ne peux vraiment vous le reprocher, vu la soudaineté de l'annonce, mais j'en ai tout de même était blessée.
Elle s'arrêta un moment, hésitant sur la direction à prendre.
J'ai épousé Ulquiola, et j'ai réalisé par certaines réactions que beaucoup d'entre vous doivent le connaître... Cheshire, ancienne fille, a été très blessée par ce mariage, et j'en suis désolée. J'espère qu'aucune d'entre vous n'aura d'autres griefs à reprocher à mon mari... On lui reproche d'être coureur, infidèle, imparfait : j'ai été coureuse, infidèle, je suis toujours imparfaite. Peu m'importe.
Je le connais depuis de nombreuses années, dès les premiers mois que j'ai passé en Amakna, j'ai vécu avec lui mon adolescence, disons mes jeunes années, même si je ne crois pas qu'à mes 20 ans, j'étais encore jeune... Passons. Nous nous sommes perdus de vue, et si nous avons vécu, avec les mêmes personnes, des choses différentes, je refuse de le blamer pour ce qu'il a pu faire.
Jiyaa sucota sa plume imbibée de sang, appréciant son tranchant contre sa langue. Elle se rémémora ces années...
"Ahaha Ulqui, non mais tu crois vraiment que tu peux me battre ? Iop sans cervelle ! Je suis moins expérimentée que toi, mais tu te fais toujours avoir, j'ai trop de vitalité; et tu ne tapes pas assez fort ! Snick, dis- lui !"
La jeune sacrieuse sourit de toutes ses dents au sacrieur à ses cotés, machouillant un os, qui lança à leur ami : "Allez Ulqui, sans rancune, tu sais bien que tu n'y arriveras jamais !"
L'objet de leur moquerie grimaça, s'éloignant de quelques pas pour soigner ses blessures. Naeriss, sa promise, accourut pour le réconforter. Jiyaa se retourna vers Snick, heureuse d'être à ses côtés, heureuse de la demande qu'il lui avait fait plus tot. Un mariage... Peut être pourrait elle enfin oublier ce que le destin avait fait de son premier. Peut être pourrait elle recommencer à aimer, qui sait ?
Son futur mari l'enlaça, l'empechant de croiser le regard douloureux et envieur d'Ulquiola. Après tout, il savait bien qu'elle était plus ou moins engagée avec le sacrieur, s'il n'avait pas demandé, il se serait épargner la peine d'un "non"...
Le souvenir se dissipa, lui laissant l'amer relent du regret. Si elle avait su que finalement elle deviendrait bien la femme d'Ulqui, elle aurait réfléchi avant de lui dire non la première fois, beaucoup de tracas auraient pu être évités... Elle éclata soudain de rire, rompant le silence cristallin des plaines s'éveillant à peine. Si aujourd'hui elle tentait encore de le battre, il risquait bien de lui casser les os !
Reprenant son sérieux, la sacrieuse toujours aussi verte retrempa sa plume, et conclut finalement sa lettre.
J'espère vous voir vous réjouir pour moi, et non m'accabler de reproches.. Si vous n'approuvez pas mon choix, laissez lui au moins une chance de vous montrer qu'il le mérite.
Que la lune soit votre,
Jiyaa"
Jiyaa étendit ses membres, bailla longuement, embrassa le tronc qui la soutenait, et débuta sa descente tout en sifflant Ysalia. Une fois sur le plancher des bouftons, elle hésita entre les options qui s'offraient à elle. Aller porter la lettre directement à la maison des filles sans doute encore endormie, ou confier cette tache à un mignon petit tofu ? Elle sortit de l'ombre que projettait le faît de l'arbre dans la lumière délicate du matin, et jugea de l'avancée de l'aube. Le chemin jusqu'à Sufokia lui prendrait un couple d'heures, son mari allait attendre si elle y allait...
Jiyaa lança encore au monde son sourire innocent, enfourcha sa monture et partit à la chasse au tofu.