L'Appel

Ca commençait à devenir une habitude…

Grey était allongé aux côtés de Ches, les yeux grands ouverts. Il n’arrivait pas à dormir. Oh, aucune mélancolie cette fois ci, aucune question existentielle, aucun appel à l’aide. Au contraire même, il affichait un immense sourire ; on aurait dit qu’il voyait devant ses yeux ses plus beaux rêves devenir réalité.

Pourtant, il ne dormait pas.

Il sentait un appel, un petit quelque chose qui le poussait à se lever et a sortir, une voix qui l’avait accompagné depuis toujours…
Il tourna la tête doucement, et jeta un regard attendri sur sa femme. Il ne comprenait toujours pas comment elle pouvait se trouver vieille et ridée. Elle dormait paisiblement, un léger sourire ornant sa bouche, et ronronflant à peine.

Il prit sa décision et se leva sans un bruit. Il traversa la chambre, et alla jeter un œil dans le berceau de Womin. La petite dormait encore plus profondément que sa mère. Si ca avait été possible, le sourire de Grey se serait encore agrandi…

Après avoir récupéré ses bottes et sa cape qui trainaient de ci de la, il descendit doucement vers le rez-de-chaussée. Il hésita quelques instants, puis sorti de quoi écrire. Il traça quelques lignes de son écriture fine, puis posa la lettre bien en vue. Il fouilla alors dans son sac, en sorti un paquet de potions énergisantes qu’il plaça à côté de la lettre. Il déposa enfin une magnifique orchidée sur le tout.

Satisfait, il ouvrit la porte de la maison, et sorti d’un pas décidé.

Le petit curieux qui aurait voulu lire la lettre aurait trouvé ces mots :

La petite lettre a écrit:: Mon cœur,
Elle m'appelle.
Je ne sais pas pourquoi, mais je me dois d'y répondre. Je sais que le moment n'est pas le plus opportun pour te laisser, et je reviendrai aussi vite que je le pourrais.
Je t'ai laissé quelques potions, si tu te sens trop faible, n'hésites pas a les utiliser. Mais n'oublie pas de te reposer, je pense que dans ce genre de cas, il n'y a pas grand-chose de mieux.
Je t'aime plus que tout, tu me manque déjà…

Ton Crâpaud

Iopo ne dormait pas non plus.
Allongée dans une prairie aux alentours du château d'Amakna, elle fixait la Lune. à sa droite, Goupla broutait tranquillement l'herbe habituellement réservée aux bouftous, à sa gauche, elle avait posé sa fidèle Zulie, dans le but un peu stupide de l'imprégner des rayons de l'astre lunaire. Pourtant, Iopo n'avait, comme toujours, aucune intention de s'en servir...

Soudain, elle entendit un lointain, très lointain bruit de course. En fait, il était même étonnant que la Iopette puisse l'entendre. Poussée par son instinct, elle enfourcha Goupla pour chercher l'origine de ce bruit...

Epuisée mais sereine, Ches ronronflait doucement dans son lit. Elle n'avait rien entendu de ce qui venait de se produire, et continuait de faire de merveilleux rêves plein de booden, d'amour et d'eau fraîche.

Grey Courrait.

Il ne pensait plus, il ne semblait même plus voir ou il posait les pieds. Il suivait cet Appel, et le laissait le guider.

Il allait de plus en plus vite, se dirigeant vers les montagnes d'Amakna. Ses pieds semblaient a peine toucher le sol, et les animaux nocturnes le regardaient passer, surpris, sans avoir le temps de réagir.

Il s'abandonna completement a l'Appel. Il avait confiance, il savait qu'il ne risquait rien.
Celui qui aurait croisé son regard y aurait trouvé un léger reflet bleuté.
Sa Déesse le guidait, Elle l'attendait.

Grey arrivait aux contreforts des monts d'Amakna...
Il ralentit l'allure. Même guidé par la Déesse, se lancer a l'assaut de la montagne en courant a cette vitesse etait suicidaire.
Il commenca la montée, d'un pied sûr habitué aux terrains les plus hasardeux, sautant de rocher en rocher, ne s'aidant de ses mains que lorsque c'etait nécessaire.
Il progressait vite...

Et il gardait le regard fixé vers un pic, bien plus loin et bien plus haut.
Et encore plus haut, la Lune déclinait...

Ches s'était réveillée de bon matin... elle ne se sentait pas plus reposée que la veille, m'enfin... Womin avait faim et elle n'attendrait pas que sa mère soit reposée.

Elle constata avec une certaine surprise l'absence de son Crâpaud... il était souvent matinal, mais de là à partir sans la réveiller d'un léger baiser... elle prit le bébé dans ses bras et entreprit de la nourir. Puis son regard fut attirée par une orchidée, un tas de potions et en dessous, un petit mot.

Elle le lut, soupira légèrement, sourit doucement. Elle se sentait sereine, elle n'avait fait aucun cauchemar et aucune boule ne venait serrer sa poitrine. Tout irait bien, semble-t-il.

Elle tenta de joindre son Crâpaud mais il était déjà loin. Pourtant, elle répéta tout de même ses mots

Que la Lune te garde, mon Crâpaud, et qu'elle guide tes pas!

Ceci dit, elle envoyé une douzaine de doux baisers vers la Lune, espérant que celle-ci n'ometterait pas de les transmettre à Grey.

Il avait bien progressé.

Grey s'arrêta sur un des rares espaces plat qu'il pu trouver. L'Appel s'etait fait plus faible, et avait finit par disparaitre avec le coucher de Lune.
Il profita alors des premiers rayons du soleil, en se laissant rattraper par la fatigue. Il mangea un petit quelque chose, en se cherchant un coin caché entre deux rocher pour dormir.

La prochaine nuit serait longue, il le savait. Le sommet etait encore loin et la dernière partie serait la plus difficile sans aucun doute.

Grey sourit, il avait confiance.

Et alors qu'il s'endormait, il lui sembla entendre une voix tant chérie, au loin...

Il fit de beaux rêves.

(bon, time is short, je vais être obligé d'abréger un brin pour arriver ou je veux avant ce soir XD)

A peine le dernier rayon de soleil disparut que Grey était debout. Il avala un petit quelque chose vite fait, et reprit sa montée. Il allait vite, l'Appel etait bien présent, et le portait a nouveau.

...

Il finit par atteindre le sommet de l'aiguille en fin de nuit. La vue était saisissante, il arrivait a voir la lumineuse Bonta loin au nord, et le rougoiement des rivières de lave de Brackmar au sud. Il imaginait les milliers personnes qui commencaient a s'activer pour la journée qui arrivait. Il voyait presque au loin sa douce en train de se lever pour aller nourir Womin. Il sourit...
Il finit par s'arracher de la fascination que lui inspirait le paysage et se tourna vers l'autel. Il ne se demandait pas qui avait pu construire un autel a la Déesse ici, ni pourquoi. Il etait devant, Elle l'avait guidé jusque là, c'etait tout, et c'etait suffisant.
Mais demain... Demain serait le jour.
Il se roula en boule au pied de cet autel de pierre, sur lequel etait juste gravé quelques inscriptions qu'il ne comprenait pas, pas encore. Puis, il s'endormit.

...

Il etait l'heure. Il se reveilla avec cette sensation. Il sentait sa présence approcher, bientôt Elle serait la.
Il ota le haut de sa tunique, et s'agenouilla, écartant les bras, paumes ouvertes vers le ciel, la tête en arrière, les yeux fixés sur sa Déesse.
Il commenca a prier.

Grey etait immobile.
Il avait prié une bonne partie de la nuit. Il savait qu’il n’était pas ici pour rien, il connaissait ses fautes, et il savait qu’il faudrait payer…
Et il priait toujours.

…

La fin de nuit approchait. Malgré la douleur dans les genoux, malgré la fatigue qui lui tiraillait les bras, il restait immobile.
La pâle lueur du dernier quartier de Lune lui apporta enfin les paroles de sa Déesse :

Jeune Edhel, tu sais pourquoi tu es ici. Tu as renié tes vœux pour une femme, tu m’as oublié, ne serait-ce qu’un instant, pour une mortelle…
Cependant je sais aussi pourquoi tu l’as fait, je sais dans quel contexte…
Saches donc que ta Déesse reste avec toi, mais n’oublie pas :

Aime…
Protège…
Sois loyal…
Sacrifie-toi.

La voix se tut.
Grey se leva doucement, faisant jouer ses muscles endoloris. Il savait ce qu’il lui restait à faire…
Il contourna doucement l’autel et se retrouva face à l’à-pic. La hauteur était vertigineuse, il avait du mal à voir le sol, bien plus bas. La pointe de ses pieds dépassait maintenant du rebord, le vent qui s’était levé faisait voler ses longs cheveux roux.
Il eut un léger sourire et se laissa tomber en avant…

…

La paroi défilait derrière lui…
Le vent sifflait à ses oreilles…
Le sol approchait…

…

Bien plus haut, une tunique et un sac de voyage restaient seuls témoins de la scène.

Le jour se levait doucement... l'heure pour moi d'aller me coucher. J'adore cet instant où tout s'eveille, comme une renaissance chaque jour.
Et cette délicieuse petite rosée qui apres chaque lune pointe délicatement le bout de son nez pour réveiller subtilement chaque petit être végétal.

C'est un moment privilégié que j'aime observer, discretement. Pour cela j'ai mes coins favoris... comme cette petite colline ou le paysage est magnifique... rien à l'horizon avant longtemps, et une vue imprenable sur cette masse rocheuse qui fierement impose sa présence à chaque miniscules cailloux.

Certains jours la nature nous offre un spectacle unique... comme aujourd'hui. Je ne sais pas ce que c'est mais un petit point proche de la montagne semble tomber... comme une étoile égarée voulant gouter à la richesse de la terre.

Peut etre un oiseau...

Quelle envolée ! L'air doit s'infiltrer dans chaque recoin de son corps... la sensation doit être impressionnante... Surement qu'a ce moment la on prend conscience de chaque partie de soi et le sentiment d'existance doit etre au sommum...

D'un coté si c'est un oiseau a t-il conscience de tout ca...

*le petit point continu de descendre avant de finir caché par les arbres et autres éléments*

Humm... et voila... quelques secondes...

*Ludi attend quelques instants de voir si le point réaparait en s'envolant au dessus des arbres, mais apres un temps d'attente ne voit rien*

Il avait touché le sol en douceur.
Il etait heureux, il se sentait enfin entier, depuis cette fameuse nuit qui avait vu la naissance de Womin.
Il était heureux, mais épuisé...
Il trouva a peine la force de se hisser dans un arbre, pour se nicher entre deux branches maitresses, et s'endormit profondément...

...

Un peu plus bas, au sol, un léger courant d'air emporta au loin une petite plume...