La sentence d'Elya

La voix glaciale d'Elya ne cessait de résonner dans sa tête, comme si Elya avait décidé de transformer son cerveau en nouveau temple Eniripsa. C'était devenu insupportable, impossible de se rendormir, malgré sa grande fatigue. Les mots d'Elya l'obsédaient et l'effrayaient tout à la fois, et elle ne cessait de ressasser les faits dans l'espoir de trouver une solution, une issue, quelque chose d'autre que la solution d'Elya.

Elle savait qu'elle n'avait que ce qu'elle méritait. Elle aurait dû être raisonnable, elle aurait dû écouter Elya, elle aurait dû passer plus de temps dans les bras de son Crâpaud, elle aurait dû... se reposer. Oui mais voilà, l'immobilisme, elle déteste, et l'idée de passer les mois à venir à bronzer sur la terrasse et à attendre que le temps passe l'emballait très moyennement, voire carrément pas du tout. Pourtant d'après Elya, elle n'avait pas le choix. C'était ça ou... elle ne préférait pas y penser.

Elle était forte, puissante, c'était indéniable, depuis son arrivée en Amakna, elle s'était entrainée, musclée, endurcie. Elle avait fini par acquérir une puissance de frappe plus qu'honorable, au prix de longues journées de combat et elle aimait ça. Elle avait refusé d'admettre que son corps était en train de la lâcher, elle avait continué l'entrainement, continué l'aventure, continué de décimer des meulous et autre pandore... elle aimait tellement ça...

Oui mais voilà. On l'avait prévenue. Depuis quelques lunes déjà. On lui avait dit que son corps ne tiendrait pas le coup, on l'avait avertie que son coeur risquait de la lâcher à tout moment si elle ne se reposait pas, si elle ne levait pas le pied... mais elle était bornée et obstinée, alors elle avait continué.

Et maintenant les mots d'Elya la hantaient.

Elle goutait tout juste au bonheur simple d'avoir une vie calme, sereine, posée avec l'homme plus merveilleux et le plus adorable qu'il soit, après des années d'errance et d'échecs sentimentaux, et quelqu'un, Eca surement, avait décidé qu'elle n'en profiterait qu'à peine, tout ça parce que sa mère était allée fricoter avec un inconnu qui lui avait transmis une malformation cardiaque?

Elle ignorait comment elle pourrait dormir après ça, et pourtant son corps épuisé demandait grace. Elle s'était posée contre le nouveau phare de Madestram, et contemplait la mer. Elle réfléchissait. Il devait bien y avoir une alternative à la sentence d'Elya. Il y en avait une. C'était obligé. Elle trouverait. Elle ne pourrait jamais accepter le diagnostique d'Elya, plutôt... elle chassa une fois de plus cette idée de sa tête. Elle relisait sans cesse un de ses vieux carnets, celui dans lequel elle racontait la cure qu'elle avait suivi l'année dernière en compagnie de Iopo, celle qui avait été le début de tout ça. Son attention était surtout retenue par un nom, un seul, celui d'un Eniripsa de renom dont on lui avait parlé là bas, et qu'elle avait griffonné hâtivement dans une marge.

Il devait être la solution et elle devait aller le voir. Le voyage serait très long, mais elle comptait sur Doudou, son dindon obèse et paresseux, pour l'ammener là bas.

Elle se releva doucement, pris le chemin de la maison et commença à fourrer ses affaires dans son sac.

[hrp: et hop, vacaaaaaaaaaances!!! je pars demain matin, je passerai remettre un mot de mon écatte plus tard, enfin cette nuit, car je devrais être encore présente IG ce soir^^]

[bonne vacances chanceuse !!!! *bisouuuuuuuus* et a plus tard ce soir donc ]

Elle avait fini d'entasser ces effets personnels sur Doudou et d'embrasser ses soeurettes adorées. Elle était heureuse et surtout rassurée que son Crâpaud ait proposé de l'accompagner.

Il ne lui restait que quelques heures de sommeil avant d'embarquer au port de Madestram. Elle se blottit dans son fauteuil fétiche, non sans avoir laissé un petit mot à l'attention de ses soeurs

Citation :

Mes soeurettes,

je dois partir dans une lointaine contrée rencontrer quelqu'un qui, j'espère, m'aidera à résoudre certains problèmes de santé que je traine depuis trop longtemps.

ce voyage risque d'être long, je ne sais pas quand je reviens. Crâpaud m'accompagne et nous emmenons ma dernière née Womin. Je laisse mes autres enfants à votre bon soin et surtout à ceux de Sam, mais ils sont assez grands pour se débrouiller.

J'espère être de retour... bientôt.

Que la Lune vous garde mes soeurettes chéries,

Je vous aime

Cheshire

[hrp: retour aux alentours du 14 aout!]

*lu le mot*

*le reposa*

jespere que tout s'arrangera...

[profite bien à tres vite!! ]

Indéniablement, elle avait changé.

Elle n'avait pas l'air plus vieille, ni plus fatiguée, ni plus jolie, et inversemement... elle avait juste l'air différente. Ses joues s'étaient creusées et son visage autrefois rond était plus anguleux. Son regard était plus perçant, plus serein, plus posé. Il y a des expériences qui peuvent changer un être, et Ches avait vécu l'une d'elle. Celle de se savoir si prêt de la fin et de se voir offrir une nouvelle chance, une belle chance, la meilleure, celle de vivre la vie qu'elle rêvait depuis si longtemps, auprès de celui qu'elle avait mis tant de temps à trouver. Elle souriait. Elle avait l'air si différente, plus sage, plus mature peut être, mais tellement plus sereine. Son ventre arrondi détonnait sur son corps amaigri mais elle souriait.

Le sympathique capitaine du navire qui la ramenait avait fait un détour pour la déposer au "bout du monde" à Sufokia, et c'est d'un pas léger qu'elle s'avançait vers la maison des FDLL. Elle tenait Womin dans ses bras, et rit doucement en pensant à Grey qu'elle avait laissé quelques temps là bas... le pouvoir des fleurs était sans limite... toutes ses étranges variétés qu'on ne connaissait pas en Amakna avaient exercé une étrange fascination sur l'alchimiste qu'était Grey, et il avait décidé qu'il ne pouvait partir sans avoir étudié chacune de ses fleurs, chacune de leur propriétés et chacun des breuvages qu'on pouvait concocter à partir de chacune d'elles... Ches n'avait pas eu la patience d'attendre: ses soeurs et sa famille lui manquait, les pains à la rose de Ludi, les moments de blonde attitude de Liete, les câlins de Mel, les blagues d'Arra, le sourire de Sangay, les potins des unes et des autres, les babillages et leur rire à toutes... elle avait pris le bateau avec Womin, laissant son mari derrière, sachant qu'il n'en serait que plus rapide.

Elle marchait d'un pas léger vers le repaire, et rien ne laissait soupçonner qu'elle revenait d'un si long voyage, si ce n'est son air légèrement différent et la cicatrice récente qui lui barrait la poitrine.

...et au loin on entendait, parfois, une petite explosion...

(je me disais bien que tu me trouverai une bonne raison ^^)